Organisations bioinspirées : développer la réflexivité pour répondre au réel (ou à un plan ?)

Aujourd'hui, explorons ensemble un enjeu récurrent : comment nos organisations peuvent-elles mieux composer avec l'écart inévitable entre ce qu'elles planifient et ce qui se passe réellement ?

L'illusion du contrôle par le prescrit

Dans nos modèles organisationnels dominants, nous fonctionnons largement sur le prescrit : qui fait quoi, quand, comment. Nous projetons nos objectifs dans le temps, définissons nos échéances et mettons en place des systèmes de contrôle : KPI, tableaux de bord, points d'étape.

Ces outils donnent l'illusion de maîtriser notre trajectoire. Nous faisons comme si ces indicateurs rendaient fidèlement compte de la réalité, alors qu'ils n'en sont que des approximations très partielles.

La tyrannie de la conformité

Nos organisations cherchent souvent à se conformer au prescrit plutôt qu'à s'adapter au réel. Les collaborateurs qui s'écartent du plan prévu - même pour de bonnes raisons - peuvent se retrouver en difficulté. Ceux qui signalent que "ça ne se passe pas comme prévu" sont perçus comme des problèmes plutôt que comme des capteurs précieux.

Pourtant, le réel ne peut pas correspondre exactement à ce que nous avions prescrit. Cette tension constante entre planification et réalité épuise nos énergies si nous ignorons cet écart et limite notre capacité d'adaptation.

Les leçons de la nature : pas de chef de prairie

Dans le vivant, il n'existe pas de "prescrit" au sens où nous l'entendons. Aucun individu ne décide à l'avance comment les choses doivent se passer dans un écosystème. Chaque espèce, chaque individu interagit avec son environnement et ses congénères, créant des impacts en chaîne auxquels les autres peuvent (ou non) s'adapter.

C'est précisément cette capacité de réponse au réel qui permet l'adaptabilité et la résilience des écosystèmes naturels - et ce à partir des signaux captés

Un exemple illustré par Irene Alvarez 🐾 : les arbres ont besoin d'accumuler une certaine dose de chaleur sur une période conséquente pour sortir de leur dormance au printemps. Chaque espèce a sa propre physiologie, et une plus ou moins grande "aversion au risque" (par exemple au risque de gel tardif ). Le noisetier est une espèce très précoce, qui fleurit dès janvier ou février. A l'inverse, dans les mêmes espaces on trouve les épicéas qui eux fleurissent et débourrent ( moment de l’éclosion des bourgeons) beaucoup plus tard, en mai le plus souvent. Deux espèces, deux stratégies dans un même contexte de nouveau.

Mais lorsque le printemps est précoce, les stratégies peuvent s’adapter. Le noisetier a ainsi avancé sa floraison de 12 jours en 60 ans pour répondre à la réalité du changement climatique.

L'approche bioinspirée : prescrit et réflexivité

L'organisation bioinspirée ne renonce pas au prescrit - il reste indispensable pour impulser l'action collective. Mais elle accepte une vérité fondamentale : les choses ne se passeront pas comme prévu.

La différence clé réside dans sa capacité à développer de la réflexivité collective - cette aptitude à capter, observer, analyser et s’ajuster collectivement face aux écarts entre intention et réalité.

"Si tu es pressé, progresse lentement"

Cette sagesse populaire illustre parfaitement l'enjeu. La réflexivité est un investissement essentiel voire vital pour :

  • Maintenir la pertinence des actions

  • Préserver l'engagement des équipes

  • Concevoir des solutions véritablement adaptées

  • Assurer la pérennité de l'organisation

Apprendre à penser le travail

Quand une organisation cultive la réflexivité, chaque collaborateur gagne en autonomie et en adaptabilité. Plutôt que de subir l'écart entre prescrit et réel, ils apprennent à le prendre en charge directement dans leur pratique quotidienne.

Cette approche transforme la relation au travail : de l'exécution d’un plan vers l'intelligence situationnelle.

Et vous, dans votre organisation ?

Une question pour conclure : dans votre organisation, pouvez-vous faire évoluer vos pratiques quand la réalité l'exige, ou devez-vous d'abord vous justifier d'avoir dévié du plan ?

__________________________

Partagez en commentaire : comment votre organisation gère-t-elle l'écart entre planification et réalité ? Quels sont vos défis et vos bonnes pratiques ?

Pour explorer ces questions plus en profondeur, n'hésitez pas à nous contacter (contact@holomea.com) ou à consulter nos précédentes newsletters.

Holomea vous accompagne dans vos transformations vers des organisations souhaitables en alignant dynamiques collectives, technologies, modèles économiques et relation au vivant.

Précédent
Précédent

Les 10 qualités à développer pour contribuer à une société souhaitable

Suivant
Suivant

La transformation continue : essence des organisations bioinspirées